Nous sommes de plus nombreux à porter une attention particulière aux produits que nous consommons et à leur origine. Mais est-il possible de mieux manger, tout en respectant l’environnement et en soutenant nos producteurs ? Pour bien faire, faut-il plutôt manger bio ou local ? Des questions plus que jamais actuelles, sur lesquelles Bio par Nature s’est penché !
Agriculture bio, alimentation locale : même combat ?
Manger bio et manger local sont deux démarches qui s’inscrivent dans des choix d’alimentation plus durables et écoresponsables. Cependant, elles peuvent diverger : tous les aliments biologiques ne sont pas forcément produits localement et tous les aliments locaux ne sont pas nécessairement cultivés selon les normes de l’agriculture biologique.
Une fois cette distinction établie, on peut légitimement se demander quelle option est la plus vertueuse à l’échelle collective (pour notre écosystème) et individuelle (pour notre santé).
D’un point de vue environnemental
Consommer bio ou local : quel est le choix le plus écologique ? La réponse pourrait bien vous surprendre. Lorsque l’on examine le bilan carbone d’un produit alimentaire, on s’aperçoit que la quasi-majorité des pollutions émanent du mode de production… et non du transport, ce dernier ne représentant que 5 % des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre).
Est-ce à dire qu’il est préférable de consommer des produits bio qui proviennent de l’autre bout du monde ? Pas vraiment, parce que plus les distances s’allongent, plus le bilan carbone s’alourdit, mais aussi parce que le fruit ou le légume n’est pas cueilli à maturité (moins de vitamines, moins de saveurs). — et surtout — car les normes de l’agriculture biologique ne sont pas les mêmes partout ! En France, le cahier des charges est strict, avec un refus des pesticides synthétiques, des engrais chimiques et des OGM. Ce qui n’est pas forcément le cas au-delà de l’Hexagone, malgré la charte européenne.
Il faut tout de même souligner les bénéfices des modes de culture biologiques qui permettent de réduire drastiquement :
- l’exposition à des substances nocives pour la santé de l’homme et de l’environnement
- favoriser la biodiversité
- réduire les conséquences de l’agriculture intensive.
Ajoutons que les méthodes d’élevage de l’agriculture biologique sont également plus respectueuses du bien-être animal. Les animaux bénéficient de meilleures conditions de vie, incluant l’accès à des espaces de plein air ou des pâturages ouverts. Ils sont nourris avec des aliments bio et ne reçoivent pas d’hormones de croissance.
Soutenir l’économie locale
En privilégiant les produits locaux, les consommateurs soutiennent les producteurs régionaux et contribuent à maintenir le tissu économique local. Réduire la distance parcourue par le produit « du champ à l’assiette » permet de diminuer l’empreinte carbone de notre alimentation, même si celle-ci représente une faible part au regard du cycle de production complet des produits. Pour beaucoup, consommer local est un moyen efficace réduisant leur impact sur l’environnement. De plus, comme le fruit ou le légume est cueilli plus tard, il contient plus de vitamines et de saveurs !
Mais attention aux terminologies facétieuses. L’expression circuit court peut ainsi s’avérer trompeuse, car elle suppose une réduction des intermédiaires entre le producteur et le consommateur final… ce qui ne suppose pas nécessairement une proximité immédiate.
Il ne faut donc pas confondre « circuit court » et « vente directe ». Dans le second cas, le consommateur se rend directement sur l’exploitation du producteur pour acheter sa récolte, voire effectuer lui-même la cueillette dans des fermes ouvertes au public.
Des réalités à nuancer entre le manger bio ou local
Plutôt que d’envisager l’alimentation bio et locale comme deux démarches opposées, il est sans doute plus judicieux d’adopter un point de vue global, qui prend en compte les avantages et les inconvénients de chaque option.
Il est, par exemple, possible de privilégier du bio et du local pour certaines catégories d’aliments, comme les fruits et légumes ou les produits d’origine animale. Il existe de nombreuses initiatives qui permettent de concilier les approches, comme la livraison de paniers de fruits et légumes que le consommateur peut collecter dans des points de proximité. Pour le reste, vous pouvez rester sur de l’entièrement bio ou privilégier le moins de produits transformés.
Bio, brut et de saison : la combinaison gagnante !
Consommer moins de viande (qu’elle soit bio ou non) et moins d’aliments raffinés sont également des démarches viables pour l’environnement et pour notre santé. Certains aliments oubliés comme les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs), les céréales à grains entiers (épeautre, blé complet, sarrasin, orge), les graines (tournesol, graines de chia, courge, lin) ou les pseudo-céréales (quinoa) sont d’excellentes sources de protéines et peuvent remplacer ponctuellement les produits animaliers si on les combine astucieusement.
Ces familles d’aliments bruts ou peu transformés conservent une densité nutritionnelle optimale, sont faciles à conserver et plus économiques. Leur production est, par ailleurs, beaucoup moins gourmande en ressources.
Une alternative consiste à respecter davantage la saisonnalité. En optant pour des fruits et légumes de saison, on limite automatiquement l’acheminement des denrées alimentaires et les cultures sous serre, particulièrement polluantes. Il existe de nombreux outils et tableaux pour mieux s’y retrouver, comme le calendrier de saison du site Manger Bouger.
Autre avantage et non des moindres : les produits de saison sont récoltés à maturité et sont plus savoureux. Ils sont aussi moins chers que les produits importés.
Finalement, le choix entre manger bio ou local est surtout une question d’équilibre et ne devrait pas être perçu comme un dilemme cornélien. Chaque solution possède ses atouts et ses faiblesses. L’enjeu consiste plutôt à trouver le juste compromis en conciliant les avantages de chaque démarche… et de se faire plaisir, tout en contribuant à la promotion d’une alimentation durable et plus équitable pour toutes les parties.
Besoin d’inspiration pour manger bio ou local ? Découvrez les aliments de saison à intégrer dans votre assiette au printemps, pour concilier bien-être et démarche écoresponsable.
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